La Haute Maurienne
Auteur : François FORRAY - Niveau de lecture : Tous publics |
Données historiques
Certes la Préhistoire alpine reste brève puisqu'il faut attendre la fonte des grands glaciers (vers – 8000 ans) avant que ne débute l'aventure humaine. size=7> Ces hommes sont venus par vagues successives. Les premiers Ligures arrivent vers – 1800 du Sud, chassés de la côte génoise par les invasions indo-européennes qui déferlent dans le nord de l'Italie. Une seconde vague d'immigration ligure apparaît entre – 1500 et – 800 ans. C'est de l'Est qu'apparaît la troisième vague, avec l'installation des Celtes qui avaient établi un brillant foyer de civilisation dans le Nord de l'Italie. Curieusement ces peuplades celto-ligures établies dans le haut de la vallée de l'Arc en amont de Termignon ont laissé des traces aujourd'hui encore dans les structures des patois et dans la toponymie.
Arrivés vers – 500 ans, les premiers Romains ne s'intéressent guère qu'aux passages des cols. Les chefs de tribus locales reconnaissent l'autorité d'un "roitelet" plus puissant, Donnius, qui vit à Suse, son fils Cottius donne son nom à cet étrange état alpin, le Royaume de Cottius qui s'étend sur la crête des Alpes de la haute Maurienne à la Méditerranée. Les empereurs César et surtout Auguste ne se contentent plus de ce vague protectorat sur le Royaume de Cottius, ils en effectuent la conquête systématique. Deux monuments célèbrent les victoires des légions romaines : l'Arc de Suse (9 ans avant J.C.) et le Trophée de la Turbie au dessus de Nice (6 ans avant J.C.). Dans les villages, la population a conservé sa langue, elle cultive le seigle, élève du bétail, pratique l'artisanat. Si la voie principale est constituée par la vallée de Suse et le col du Mont Genèvre qui débouche sur Briançon et la Provence, les voies secondaires traversent la haute Maurienne par les cols du Mont Cenis, d'Autaret, d'Arnès. Des vestiges romains attestent de l'intensité des échanges entre les deux versants des Alpes à Lanslevillard et à Novalaise de part et d'autre du Mont Cenis.
A la fin du Vème siècle, l'Empire romain sombre sous les attaques Barbares. Les Burgondes puis les Goths s'emparent des Alpes dès 493, ils sont supplantés par les Francs qui voudraient s'installer dans l'Italie du Nord. Le chef mérovingien, Gontran repousse les Lombards dans la basse vallée de Suse au delà des moraines glaciaires qui barrent la vallée de la Doire Ripaire (Les Cluses lombardes) en 574. C'est à cette époque que Gontran fonde aussi l'évêché de Saint-Jean-de-Maurienne, un évêché qui peine à établir son influence sur la haute Maurienne rattachée historiquement à l'évêché de Turin. En 726, un seigneur franc ABBON fonde sur le versant piémontais du Mont Cenis le monastère bénédictin de la Novalaise pour mieux contrôler les passages alpins. Dès 825, l'empereur Lothaire permet à Louis le Débonnaire de créer un hospice en bordure du lac du Mont Cenis. Bientôt vers 906/921, les Sarrasins lancent des razzias sur les Alpes depuis leur base de Fréjus : l'abbaye de la Novalaise est ravagée, la Maurienne occupée. Ruines, désordres et famines se succèdent pendant tout le Xème siècle jusqu'à l'apparition d'un ordre social nouveau, la féodalité qui se met en place au XIème siècle avec l'irrésistible ascension des comtes de Maurienne à l'origine de la Maison de Savoie. Le baillage de Maurienne s'étendait d'Epierre à Lanslebourg car les villages du haut de la vallée restaient attachés à l'autorité de l'Abbé du monastère de Saint-Michel-de-la-Cluse qui domine l'accès de la vallée de Suse jusqu'en 1528. Le pouvoir de la Maison de Savoie doit être aussi partagé avec celui des marquis de la Chambre qui s'exerce sur les villages d'Avrieux et de Bramans. Que le pouvoir soit civil (seigneurs) ou religieux (évêques ou abbés), les relations avec les communautés montagnardes paraissent bien difficiles. size="7"> size="7">
La haute Maurienne n'est pas cependant un pays de cocagne : les épidémies et en premier lieu la peste déciment les habitants. En 1630, la peste fait plus de 309 victimes à Lanslebourg sur près de 900 habitants. Les occupations des militaires français ou espagnols lors des guerres d'Italie au 16ème et 17ème siècle multiplient les pillages et les réquisitions. Le XVIIIème siècle est occupé par deux faits majeurs. Tout d'abord la consécration de l'itinéraire du Mont Cenis comme l'axe international des échanges entre l'Europe du Nord Ouest et l'Italie dès la fin des guerres de Louis XIV (traités de Maëstricht). Quand à la seconde partie du siècle, elle est toute bruissante des débats entre les communautés villageoises et les seigneurs pour racheter les droits féodaux. Cette abolition des droits féodaux s'effectue entre 1751 et 1782, elle explique aussi le fait que les révolutionnaires français arrivés en Savoie en 1792 ne rencontrent guère d'enthousiasme d'autant plus qu'à ces raisons économiques s'ajoutent les oppositions à une politique violemment antireligieuse. La révolution française n'est pas acceptée et les troupes françaises déportent la population de Lanslebourg et de Lanslevillard à Barraux dans le Dauphiné. Napoléon Ier sait rapporter la paix à la haute Maurienne et il construit au Mont Cenis la première route carrossable des Alpes, un cadeau immense "qui durera des siècles".
size=7> La deuxième guerre mondiale s'accompagne d'un cortège de
malheurs. La population se mobilise contre les troupes fascistes qui voudraient
annexer la haute Maurienne. Les maquisards sont l'objet de représailles
de la part des troupes italiennes et surtout allemandes (massacres, incendies
de Lanslebourg et de Bessans). La libération vient tardivement
car les forces allemandes se sont retranchées dans les fortifications
du Mont Cenis (Batailles du Mont Froid, du Mont Cenis) au prix de combats
héroïques des troupes de montagne. size=7> Il faut attendre les années 1970/1980 pour rencontrer quelques facteurs de renouveau avec le retour des grands travaux (aménagement hydraulique de la haute vallée de l'Arc par EDF), développement du tourisme d'hiver et d'été, implantation du premier parc naturel de France en Vanoise, effacement size=7> des frontières avec la construction européenne. Tout cela contribue désormais à la consolidation d'un pays qui se partage toujours entre la tradition et la modernité.
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